ENIVREZ-VOUS
Il faut être toujours ivre. Tout est là: c'est l'unique question. Pour ne pas sentir l'horrible fardeau du Temps qui brise vos épaules et vous penche vers la terre, il faut vous enivrer san trêve.
Mais de quoi? De vin, de poésie ou de vertu, á votre guise. Mais enivrez-vous.
Et si quelquefois, sur les marches d'un palais, sur l'herbe verte d'un fossé, dans la solitude morne de votre chambre, vous vous réveillez, l'ivresse déjà diminuée ou disparue, demandez au vent, á la vague, á l'étoile, á l'oiseau, á l'horloge, á tout ce qui fuit, á tout ce qui gémit, á tout ce qui parle, demandez quelle heure il est; et le vent, la vague, l'étoile, l'oiseau, l'horloge, vous répondront: "Il est l'heure de s'enivrer! Pour n'être pas les esclaves martyrisés du Temps, eniverez-vous sans cesse. De vin, de poésie ou de vertu, á votre guise."
(publicado en Le figaro, el 7 de febrero de 1864).
1 comentario:
Me encanta este poema :-) Nunca me canso de leerlo :)
Publicar un comentario